Présentation du colloque

Place et rôles de la formation et de l'éducation, en vue d’une transition[1] vers un monde durable.

Organisé par l’ESPE /Université Clermont-Auvergne, en lien avec la Conférence des Présidents d’Université (CPU) et la Conférence des Grandes Ecoles (CGE), le CGDD (Ministère de l’Ecologie et du Développement Durable), les laboratoires ACTé (ESPE/UBP) de l’Université Blaise Pascal de Clermont Ferrand), ADEF d’Université d’Aix-Marseille, LIRDEF de l’université de Montpellier, Laboratoire GEODE de l’Université de Toulouse, HEP de Fribourg,, ainsi que le CNAM et en partenariat avec les réseaux RéUniFEDD[2], OR2D[3], CIRSES[4], l’UNIRéS[5], la CIFEODD[6], la Plate-forme 21 pour le développement durable et le CREE Auvergne[7]

 Le 1er volet des colloques « Eduquer et Former au monde de demain » en 2015, avait pour objectif de proposer une entrée dans le développement durable par les compétences. Le 2ème volet en 2016, centré sur la place de la créativité et de l’innovation dans cette approche compétence du développement durable, avait conduit au lancement du site compétence DD&RS [8], et à l’appel de Marrakech [9] (Pas de transition sans éducation).

Ce 3ème volet[10] sera orienté vers l’action, avec une centration sur les outils et les pratiques mis en œuvre, sur les nouvelles approches en formation et en éducation au développement durable, sur les modalités et les enjeux en termes d’évaluation et enfin sur les finalités des actions en cours ou à venir: quelle est la place de l’éducation dans la transition sociétale?

Cette approche compétence de la formation et de l’éducation au développement durable et à la transition sociétale, sera interrogée dans ses dimensions pratiques et en lien avec la recherche, dans une approche pluricatégorielle (du monde universitaire, scolaire, des associations, des collectivités et des entreprises) et pluriculturelle (francophone principalement).

Les 17 Objectifs de l’Unesco[11] visent à «assurer une éducation inclusive et équitable de qualité, et promouvoir des possibilités d’apprentissage tout au long de la vie pour tous». Tous les secteurs sont concernés et il ne faudrait pas réduire l’éducation au seul objectif 4. La complexité et l’incertitude des situations nécessitent une prise en compte éducative efficace en termes de changements individuels et collectifs. Sa finalité réside dans l’exercice d’une responsabilité, prise en fonction des contextes et des moyens dont on dispose, dont le dénominateur commun reste cependant le cadre éthique.

A l’échelle internationale[12], les formations dans le supérieur, sont invitées à porter une attention toute particulière sur la place du numérique dans l’amélioration qualitative de l’enseignement, sur l’importance de l’innovation, de l’employabilité et de l’insertion professionnelle des étudiants.

Les nouvelles demandes sociales en matière d’employabilité et de formation des individus ont entraîné, du moins dans les pays industrialisés sous l’égide de l’OCDE, une prolifération des “Éducations à” dans les curriculums des systèmes éducatifs à travers le monde[13]: éducation relative à l’environnement, éducation en vue d’un développement durable, éducation à la biodiversité, éducation à la citoyenneté, éducation à la santé, etc. L’éducation en vue d’un développement durable (EDD) a fait l’objet d’une forte promotion par l’UNESCO dans le cadre de la Décennie des Nations Unies de l’éducation en vue d’un développement durable (2005-2014), ce qui a favorisé la mise en place de réformes éducatives à l’échelle mondiale[14].

En lien avec l’actualité et les fractures sociétales qui s’amplifient[15], le rôle de la formation et de l’éducation, dans la réduction des dualités entre les citoyens et les décideurs, ou entre les personnes concernées et les experts, devient urgent. L’utilité sociale de l’éducation doit donc être interrogée et mise en avant.

Lorsqu’il ne s’agissait que d’atténuer les effets des changements ou de s’adapter aux évolutions en cours, la formation ou certains modes d’éducation « faibles » pourraient suffire. Mais la transition nécessite à la fois de s’adapter et d’atténuer les effets de certains changements, pour limiter l’impact sur les plus vulnérables, mais aussi se préparer aux transformations indispensables de notre société et de nos modes d’éducation. Faire preuve de pédagogie ne suffit plus, et l’éducation « forte » qui est nécessaire, mobilise des outils et des scénarios de formation adaptés aux évolutions de notre monde en mouvement (changements liés au numérique, aux modes de consommation et de production, aux relations à la nature mais en fait aux transformations sociétales dans leur ensemble).

Mais il est aussi essentiel de s’ancrer dans l’action de proximité, le territoire, la pratique et le concret. C’est la raison pour laquelle la question des outils et des pratiques reste essentielle.

AXES de communication:

Axe 1 : Outils et pratiques dans le champ de la formation:

La question des outils avait déjà été posée dans le colloque 2016, mais ces outils se diversifient et évoluent très vite. Visant des compétences diversifiées, il s’agit ici de pointer leur diversité, leur complémentarité et leur efficacité dans les processus qui nous permettent d’agir sur la société.

Les propositions de communication dans cet axe devront interroger de façon critique mais prospective, tant les bases théoriques de la recherche que la mise en œuvre pratique dans des contextes professionnels et culturels très différents.

Les pratiques mises en œuvre dans le domaine de la formation et de l’éducation au développement durable et à la transition sociétale seront aussi questionnées, de même que les scénarios utilisés.

Axe 2 : Nouvelles approches de la formation et de l’innovation pédagogique.

La révolution numérique[16] est un changement important à prendre en compte. Cela revient à fournir aux publics et aux formateurs des outils permettant de comprendre le changement, mais également de les accompagner dans leur utilisation quotidienne des réseaux sociaux et des outils numériques. L’enjeu n’est pas tant technique, il vise l’empowerment, autrement dit l’autonomisation et la prise de contrôle, afin que nous puissions tous développer, de façon créative, une meilleure estime de nous-mêmes, une pensée critique et des échanges collaboratifs démultipliés[17].

La place grandissante du numérique impacte à la fois les modes de vie et les modes de formation. La place des Moocs et des Spoc, de la Formation ouverte à distance aux formations mixtes (et autres dispositifs numériques) ne cesse de grandir. Les relations aux formés changent aussi, nécessitant plus de suivi personnalisé et d’interactions. Les scénarios pédagogiques évoluent donc (pédagogie inversée…ou pédagogies plus anciennes revisitées). Mais il convient en parallèle de s’intéresser sur le plan pédagogique, aux apprentissages et aux enjeux éducatifs sous tendus par ces changements.

Les communications pourront prendre la forme de présentations analytiques et critiques de ce qui est pratiqué ou de ce qui pourrait/devrait l’être à terme, en vue de répondre aux enjeux sociétaux (mondialisation de la formation, accès de la formation au plus grand nombre, évolutions qualitatives…).

Le Mooc « Quel(s) développement(s) durable(s) pour l’Afrique [18]?» sera discuté lors de ce colloque pour sa présentation en Europe. Il fera l’objet de sessions spécifiques visant à en discuter les fondements, des scénarios globaux aux capsules de cours, des processus d’accompagnement aux processus de certification. Il s’agira du dernier colloque avant sa mise en œuvre opérationnelle entre le 18 Septembre et le 28 Octobre 2017.

 Axe 3 : Modalités et enjeux de l’évaluation des compétences dans le cadre des formations et des projets.

L’introduction de nouvelles pratiques et de nouveaux outils en matière d’éducation et de formation, n’a de sens qu’au regard des résultats que l’on vise, et donc des modalités de leur évaluation. Toutefois, bien que celle-ci constitue un enjeu majeur, tant au regard de ses effets sur les apprentissages que, plus généralement, pour légitimer les formations elles-mêmes, en référence leur impact sociétal, elle ne va pas nécessairement de soi. En effet, au-delà d’une traditionnelle et trop fréquente évaluation de connaissances, l’évaluation des compétences ou des métacompétences pose encore d’importantes difficultés. Qu’il s’agisse de construire des dispositifs d’évaluation à partir de référentiels des compétences visées, d’établir les critères pertinents pour les évaluer, d’accompagner les apprenants dans l’identification des compétences qu’ils ont construites ou qu’ils construisent durant la formation[19], force est de constater que les solutions retenues restent difficiles à trouver. Les propositions de communication de cet axe s’attacheront donc à alimenter la réflexion sur les questions qui touchent aux conditions d’évaluation, aux indicateurs de suivi et d’évaluation, aux référentiels de compétence et d’évaluation, aux curriculums produits dans les différents secteurs professionnels et dans les différents pays.

Axe 4 : Quelle place pour l’éducation dans la transition sociétale ?

S’inscrivant dans une perspective transdisciplinaire, inter catégorielle et interculturelle, l’éducation nécessite de renouveler nos rapports au monde (aux autres, à soi et à son environnement, au passé et au futur) et de prendre du recul par rapport aux pratiques sociales de référence, de se construire une opinion raisonnée sur les phénomènes complexes et d’agir en contexte, dans une vision tournée vers le futur et prospective du monde de demain. Or, le contexte d’émergence de l’EDD n’étant pas toujours scientifique et éducatif, cette éducation fait l’objet d’un foisonnement de significations dans le discours officiel, car elle est porteuse des idéologies sociétales, politiques et économiques véhiculées par les États-nations. C’est pourquoi plusieurs chercheurs s’accordent pour dire qu’elle se présente comme un concept hautement polysémique[20]. Les problématiques qui les sous-tendent prennent appui sur « des savoirs non disciplinaires ayant une acception à caractère juridique, issus de compromis politiques et donc, par essence, polémiques, mouvants et objets de controverses [21]». Dans le même sens, Lebeaume[22] souligne que leurs problématiques « ne concernent pas spécifiquement des savoirs au sens strict, mais également des valeurs éthiques ou politiques et des comportements ». Elle nécessite donc de questionner la nature des savoirs à mobiliser[23] pour s’orienter vers des changements d’attitude et/ou de comportement dans la société.

Les conclusions de la COP22, ont souligné d’une part, la nécessité de se tourner vers l’action et d’autre part l’évidence qu’il ne pourrait « pas y avoir de transition sans éducation ». Mais il convient de questionner, d’argumenter et d’outiller cette affirmation : en quoi et pourquoi ?

C’est dans cette optique de l’agir que se situeront les communications proposées dans cet axe 4. Prendre en compte la diversité des situations et des éducations, entre le Nord et les Suds, entre les différentes formes d’éducations dans la société, les mondes scolaires et universitaires, sera un enjeu de la plus value collective des propositions formulées dans cet axe.



[1] Le terme de transition fera l’objet de débats lors de colloque.

[2] Réseau Universitaire pour la formation et l’éducation au développement durable.

[3] Observatoire des Représentations du Développement Durable.

[4] Collectif pour l’Intégration de la Responsabilité Sociétale et du développement durable dans l’Enseignement Supérieur.

[5] Réseau des Universités pour l’éducation à la santé.

[6] Conférence Internationale Francophone des établissements d’enseignement supérieurs et Organismes sur le développement durable.

[7] Collectif régional d’éducation à l’environnement et au développement durable Auvergne.

[8] www.competences-ddrs.org dont l’objectif est rendre opérationnel ce guide et en permettre l’appropriation par le plus grand nombre, de l’alimenter en contenus issus de la recherche et des pratiques pour lui permettre d’évoluer.

[10]  en fait le 4ème car le colloque des 23 et 24 Mars 2017 à Koudougou « Quels développements durables pour l’Afrique : quelles formations, quelles éducations ? » repose lui aussi sur cette approche compétence du développement durable.

[11] http://www.unesco.org/new/fr/education/themes/leading-the-international-agenda/education-for-all/sdg4-education-2030/

[12] Agence Universitaire de la Francophonie

[13] Audigier, F. (2015). Conférence de plénière : Les Éducation à… ? Quel bazar !! In J. M. Lange (Éd.), Les « Éducations à »: Un (des) levier(s) de transformation du système éducatif ? (p. 8‑23). Université de Rouen, Normandie Université, 17-19 novembre 2014.

[14] Sauvé, L., Berryman, T. et Brunelle, R (2007). Three decades of international guidelines for environment related education : A critical hermeneutic of the UN discourse. The Canadian journal of environmental education, 12, 33-55.

[15] Faisant le jeu des différentes formes d’extrémisme.

[16] Rogers, 2015 ; Boullier, 2016

[17] Corroy, 2016

[18] http://www.afrique-durable.com/

[19] Coulet, J.C. (2016). Management du changement, créativité et innovation : en formation, au sein des organisations et des territoires. Actes du colloque Eduquer et former au  monde de demain. Clermont-Ferrand : avril 2016.

[20] Fabre, M. (2015). Conférence de plénière : « Éducation à » et problématisation. In J. M. Lange (Éd.), Les « Éducations à »: Un (des) levier(s) de transformation du système éducatif ? (p. 25‑35). Université de Rouen, Normandie Université, 17-19 novembre 2014.

Hertig, Ph. (2011). Le développement durable : un projet multidimensionnel, un concept discuté. Revue des HEP de Suisse romande, 13, 19-38.

[21] Lange, J. M. et Victor, P. (2006). Didactique curriculaire et « éducation à... la santé, l’environnement et au développement durable »: quelles questions, quels repères? Aster,28, 85–100.

[22] Lebeaume (2004) (dans Fabre, 2015, p. 26)

[23] (savoirs savants, d’expérience ou naturels), (savoirs stabilisés ou controversés, situés, hybrides…), (savoirs, savoirs faire, savoirs être, savoir agir, compétences…)

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